Sommaire:
Un outil de différenciation pédagogique
Un facteur
de motivation
Travailler
autrement
Ecueils
et perspectives
Quelques
liens utiles
Valider
le B2i
Depuis une décennie, les TIC ont massivement investi l'enseignement
des Lettres. Ainsi, pour beaucoup d'enseignants ils sont devenus synonymes
de diversification, de différenciation pédagogique en
lecture, écriture et étude de l'image.
Malheureusement, la grammaire semblait jusqu'alors être le parent
pauvre dans cette dynamique de l'enseignement du Français.
En effet, un rapide examen des ressources proposées en ligne
révèle deux types de sites. Soit ils présentent
une information purement théorique (parfois inadaptée
au public de collège) ; soit ils se résument à
de simples exerciseurs dénués de suivi pédagogique.
C'est dans ce contexte quelque peu restreint qu'est apparue la Nouvelle
Grammaire Magnard en ligne que j'ai choisi d'utiliser dans une
classe de 5ème à profil particulier puisque 50% des
élèves sont des dyslexiques lourds.
Cette " nouvelle " grammaire devait être l'un des
piliers de la nécessaire différenciation pédagogique
que je devais mettre en place face à un public si particulier
qui me demandait une importante réflexion sur la manière
de travailler la grammaire autrement. Bien sûr, comme tout outil
la Nouvelle Grammaire Magnard a permis des avancées
pédagogiques mais sans être exempte d'écueils.
Un outil de différenciation pédagogique
1. Adapter son cours aux pré-acquis des élèves
Comme toute grammaire, l'édition en ligne de Magnard propose
à l'enseignant une leçon mais sous une forme totalement
adaptable. En effet, d'un simple
clic, il peut choisir de faire apparaître ou non une partie
de la leçon en liaison avec le programme de l'année
antérieure ou de celle à venir.
De cette façon, on peut adapter son cours en prenant en compte
les pré-acquis de ses élèves, leurs besoins ainsi
que leurs progrès.
Cela permet de limiter le décrochage de certains pour qui le
cours de grammaire est ressenti comme une accumulation de données
sans lien.
2. Mieux gérer l'hétérogénéité
de la classe
Cette reconquête pédagogique est également rendue
possible par la création de parcours individualisés.
Ainsi, la leçon du
jour répond à la fois aux élèves
en difficulté mais aussi à ceux qui ne rencontrent pas
de problèmes majeurs. Chacun trouve dans son parcours une réponse
à ses attentes et une grande adaptation, y compris pour l'enseignant
qui peut au sein de cette leçon agglomérer des parties
de chapitres différents au gré de sa progression:
"Le programme
de grammaire répartit les objets d’étude par année,
pour harmoniser les apprentissages entre les classes et éviter
les répétitions pour les élèves. La
progression est ainsi soigneusement ménagée. Cependant,
certaines notions peuvent être abordées à
différents niveaux selon leur degré de complexité.
Cela n’exclut pas les révisions jugées nécessaires
par le professeur selon les besoins identifiés chez ses
élèves."
Programmes
de collège, B.O. n°6 du 28 août 2008
3. Un autre regard sur la correction
Enfin, une plus-value importante est apportée dans le choix
qu'a le professeur d'accompagner
un exercice ou non d'une correction. Il peut ainsi choisir quel
sera le mode d'appréhension de la situation problème
par l'élève.
J'ai de cette façon utilisé la Nouvelle Grammaire pour
modifier la vision des élèves quant à la place
de la correction mais surtout de l'erreur dans leur parcours.
En effet, pour eux, la correction était davantage vue comme
une sanction que comme un outil pour progresser. C'est donc sur les
représentations des élèves que ce manuel numérique,
par sa modularité, permet de travailler même si, nous
le verrons un peu plus tard, la Nouvelle Grammaire a encore
à progresser dans ce domaine.
Un
facteur de motivation
1. Un médiateur entre les élèves et l'enseignant
Même si l'argument de la motivation face à un outil n'est
pas suffisant pour justifier à lui seul le recours aux TIC,
il ne peut être négligé avec certains élèves
en décrochage.
Pour quelques-uns de mes élèves mes remarques sur leurs
compétences étaient vécues comme de véritables
attaques personnelles, un jugement porté sur l'individu. Dans
ce cas, le recours à la Nouvelle Grammaire, et aux TIC
en général, place l'outil en position de médiateur.
Il délivre un message perçu comme objectif par l'élève
qui va servir de point d'appui à l'enseignant pour formuler
ses conseils, apporter une aide, mener sa remédiation.
De ce point de vue, la Nouvelle Grammaire reste à améliorer
car elle ne propose comme messages que des remarques formulées
à partir des erreurs les plus courantes. Mais cette carence
rappelle dans un même temps le rôle fondamental de l'enseignant
dans toute activité de remédiation et que l'autonomie
ne peut jamais être totale dans ce type d'activité.
2. Garder un parcours en mémoire
Par ailleurs, l'enseignant doit être présent pour commenter
avec l'élève le parcours que l'application garde en
mémoire en lui signalant ses carences, en lui proposant un
mode de remédiation, mais surtout en soulignant les points
positifs de sa progression à des fins de motivation.
De cette façon, on peut donner aux élèves l'impression
de déléguer le rôle d'évaluateur à
l'application au bénéfice de celui de conseiller, d'aide
et surtout entamer une autre relation avec eux sur ce point épineux
de leur cursus.
3. Dissocier les compétences pour réussir
Cet outil permet aussi à l'élève qui rencontre
des problèmes de graphie de s'en libérer provisoirement
pour se concentrer sur la démarche, sur le point de grammaire
proposé. Moins soucieux de la trace écrite qui accompagne
obligatoirement un cours de grammaire, il a ainsi beaucoup plus de
chance d'acquérir la connaissance, de développer une
compétence qu'il sera à même de mettre en œuvre
par la suite.
L'enseignant doit alors dans un premier temps accepter ce fractionnement
des compétences, puis réfléchir à une
autre trace écrite élaborée à partir des
activités de la Nouvelle Grammaire Magnard en ligne.
Travailler
autrement
1. Etre plus réactif
Le recours aux TIC est bien souvent appréhendé par les
enseignants néophytes comme chronophage. Dans le cas qui nous
occupe, cela est faux. La Nouvelle Grammaire peut permettre
de gagner du temps en cours pour peu que l'enseignant réfléchisse
de manière très précise l'articulation entre
le travail en classe et le travail réalisé en ligne
(asynchrone).
En effet, grâce au suivi individuel, on peut savoir si une correction
est nécessaire ou non sur un ou plusieurs exercices. De cette
façon, l'enseignant cible son intervention sur des points précis
et peut, grâce au temps ainsi économisé, approfondir
certains aspects d'une notion sans que l'économie générale
de sa séquence n'en pâtisse.
On utilise également le suivi individualisé pour créer
des groupes de travail. Pendant que certains élèves
approfondissent leurs connaissances, ceux en difficulté reprennent
avec l'aide du professeur un point du cours mal maîtrisé.
En quelques minutes, ce dernier crée ces groupes et gagne en
efficacité, en réactivité par rapport aux besoins
de ses élèves.
2. Travail asynchrone et travail en classe
L'atout majeur de l'utilisation de la Nouvelle Grammaire est
indéniablement le travail asynchrone qui rend les utilisations
préalablement décrites possibles.
Néanmoins, cela demande de la part de l'enseignant une réflexion
pour ne pas accroître le fossé numérique et surtout
pour articuler très intimement le travail personnel de l'élève
et celui fait en classe.
Cela lui impose de définir un mode d'évaluation, de
valorisation du travail personnel qui motive l'élève.
Les exercices ne doivent pas être considérés comme
une simple tâche dont le modus operandi serait nouveau mais
comme un outil de suivi d'un travail progressif.
3. Elaborer des modes de mémorisation alternatifs
Si la Nouvelle Grammaire facilite la préparation du
cours et le suivi des élèves, elle ne suffit pas à
elle seule à aider pleinement des élèves en difficulté.
A titre d'exemple, nul espoir de voir apprise une leçon de
grammaire, si adaptée soit-elle, sous la forme proposée
ou même dans la rubrique Récapitulons.
L'enseignant doit saisir cette opportunité pour compléter
son approche innovante de la grammaire par le recours, entre autres,
aux cartes heuristiques,
aux fichiers son…
Cette perspective est à l'état embryonnaire dans la
Nouvelle Grammaire puisque certains bilans bénéficient
d'une animation, mais cela reste encore l'exception.
Le professeur peut également avoir recours au Tableau Blanc
Interactif ou au vidéoprojecteur pour enrichir sa pratique
de la Nouvelle Grammaire. Ainsi, alors que la synthèse
du cours (Récapitulons) est projetée à
l'ensemble de la classe, un des élèves reprend l'intégralité
des explications pour les autres.
Ou encore, après avoir visualisé cette synthèse
vidéoprojetée, on fait disparaître le tout pour
demander à l'ensemble de la classe de la reprendre à
l'oral. Cette méthode favorise la mémorisation et, par
la construction commune, donne de l'assurance aux élèves
en difficulté.
Enfin, le vidéoprojecteur servira également à
établir une comparaison entre un travail écrit (la rédaction
d'un texte descriptif par exemple) et la leçon proposée
par la Nouvelle Grammaire pour cerner de quelle manière enrichir
cet écrit.
Ces quelques pistes n'ont pour but que de souligner que la Nouvelle
Grammaire, si elle est un produit innovant, conserve des lacunes
que l'enseignant pourra pallier mais uniquement en adoptant lui-même
une démarche novatrice visant deux domaines importants : la
mémorisation et l'amélioration des compétences
d'écriture.
4. Aborder d'autres formes d'évaluation
L'utilisation de la Nouvelle Grammaire débouche rapidement
sur une autre problématique : l'évaluation.
Car comment ne pas envisager le suivi personnel comme un pilier, en
classe de 3ème, de l'auto-évaluation ? Comment ne pas
considérer le recours aux Signets comme l'élément
fondateur d'une banque personnelle de notions à réviser
chez soi, en étude, au CDI… Les signets sont de petites marques
que l'élève insère dans ses leçons afin
de conserver en mémoire certains points à revoir, à
mémoriser. Il les classe dans des dossiers qu'il crée
lui-même et où il peut inclure des annotations, des commentaires.
La modularité de l'outil va alors se mettre au service d'un
parcours individuel, d'une préparation à un examen,
au développement de la maturité de l'élève,
de son autonomie.
Néanmoins, cet aspect ne va pas de soi pour un adolescent,
c'est au professeur de lui indiquer cette utilisation, de le placer
dans une situation d'un usage raisonné, complet de l'outil
qui lui est proposé.
Ecueils
et perspectives
Ces
propos quelque peu dithyrambiques sur la Nouvelle Grammaire Magnard
en ligne pourraient laisser entendre que ce produit ne présente
aucune faille et que son utilisation va de soi pour la communauté
enseignante. Il n'en est rien pour plusieurs raisons.
1. Manuel numérisé, manuel numérique ?
Une première approche erronée de la part de l'enseignant
consisterait à confondre manuel
numérisé et manuel numérique.
La Nouvelle Grammaire en ligne voit son intérêt
considérablement diminué si le professeur ne cherche
ici qu'un calque numérisé de la traditionnelle grammaire
papier. Le support varie et implique une nécessaire évolution
des pratiques, une nécessaire réflexion didactique.
Ainsi, il faut prendre en compte l'enrichissement du support comme
la possibilité de faire écrire l'élève
au sein de l'interface de la grammaire où il peut bénéficier
d'images comme support d'écriture.
L'enseignant doit utiliser toutes les ressources de ce nouveau media
qui, pour sa part, a encore une grande marge de progression en proposant
des liens vers des documents complémentaires (images, atelier
d'écriture, dictionnaires…) grâce auxquels l'étude
de la grammaire sera réellement décloisonnée:
"L’élève
acquiert progressivement le vocabulaire grammatical qui se rapporte
aux notions étudiées et mobilise ses connaissances
dans des activités d’écriture.."
Programmes
de collège, B.O. n°6 du 28 août 2008
2. Mettre en avant le suivi personnalisé
Une deuxième erreur serait de considérer la richesse
de la Nouvelle Grammaire comme une banque d'exercices à
employer mécaniquement sans prise de recul et en laissant de
côté le suivi personnalisé. Ce module est la pierre
angulaire sur laquelle prend appui l'aspect innovant de ce produit.
Néanmoins, la Nouvelle Grammaire en ligne peut aussi
faire des progrès dans ce domaine. En effet, elle ne propose
pour l'heure qu'un suivi de l'élève mais rien à
l'échelle de la classe. On perçoit qu'elle a été
conçue dans une perspective d'accompagnement de l'élève
et non pour l'utilisation plurielle (classe, groupe…) C'est donc à
l'enseignant qu'il revient de faire la synthèse et de mettre
en avant dans sa pédagogie ce suivi.
3. Un élément fédérateur
La Nouvelle Grammaire pourrait également, par son utilisation
sur les quatre années de collège, devenir un outil fédérateur
d'une équipe disciplinaire dans la perspective d'une progression
commune facilitant les remédiations, l'accompagnement pédagogique
ou l'élaboration d'épreuves communes.
Mais à ce titre, il serait souhaitable qu'elle présente
un suivi de l'élève d'une année sur l'autre,
ce qui pour l'heure est impossible.
Quelques
liens utiles
Accéder et tester la ressource
http://www.kiosque-edu.com/frontoffice/Accueil.aspx
Des idées sur le blog dédié
à cette grammaire
http://grammaire.wordpress.com/
Valider
le B2i
Du fait de son utilisation en ligne,
l'enseignant peut valider un certain nombre d'items du B2i à
l'aide de la Nouvelle Grammaire Magnard:
1.1) Je sais m'identifier sur un réseau
ou un site et mettre fin à cette identification.
1.2) Je sais accéder aux logiciels et aux documents disponibles
à partir de mon espace de travail.
1.3) Je sais organiser mes espaces de stockage.
2.6) Je sécurise mes données
(gestion des mots de passe, fermeture de session, sauvegarde).
Philippe
GODIVEAU
Collège Jean Moulin, Nogent le Roi
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