Aujourd'hui ma renommée n'est plus ce qu'elle était, mon prestige, ma popularité, mon succès tous peu à peu ont disparu. Ma fin est proche, je le sens, et elle ne sera pas faite de gloire mais de déception et de rancune. Certes, il y a encore quelques personnes qui me restent fidèles, mais leur nombre diminue chaque année et un jour arrivera où je n'en aurai plus aucune auprès de moi. Pourtant, dans le passé, j'étais admirée lorsqu'on me voyait en compagnie des plus grandes stars hollywoodiennes En
effet, dans les années 60, au point culminant de mon succès,
j'étais toujours entourée des plus grandes actrices et acteurs.
Dans les films ou dans les soirées, j'étais souvent sous
les feux des projecteurs et il est vrai que ma silhouette longiligne attirait
le regard des gens ; souvent blonde, parfois brune, je savais me mettre
en valeur grâce à quelques tenues exotiques ; en me voyant
ils avaient l'impression de voyager et c'était aussi ce beau cow-boy
à mes côtés qui les faisait rêver. Contrairement
à mon cousin des îles au teint hâlé, je ne restais
pas uniquement entourée d'hommes riches et bientôt on me
connut dans tous les milieux. Je devins rapidement un symbole de liberté
pour les femmes tandis qu'en Europe, je représentais l'Amérique. Heureusement
quelques personnes croient encore en moi, mais je n'ai aucune idée
de ce qui les pousse à cela. Souhaitent-ils se distinguer en restant
en ma compagnie ? Je ne pense pas que cela soit la bonne solution, étant
donné que je suis décrite comme une meurtrière. Est-ce-que
malgré toutes mes mésaventures, mon pouvoir de séduction
agit encore sur eux ? C'est probable, bien que j'aie toujours mon ennemi
personnel, le tabacologue, qui est là pour leur rappeler qu'en
ma compagnie le cancer du poumon est vite arrivé. Et c'est ainsi,
que remplie de haine, de goudron et de nicotine, j'achève ma longue
carrière dans le fond d'un cendrier
Vespa |