Introduction
à la poésie
à
la manière de
Francis
Ponge, Le Parti Pris des Choses
Sommaire:
Origine du projet
Objectifs et contenus
Déroulement
Bilan de l'expérience
Origine du projet
Le projet est parti du constat que l'univers poétique est
relativement étranger aux élèves, aussi bien dans les séries technologiques
que dans les séries générales, surtout qu'il n'apparaît plus dans
les objets d'étude de 2nde, depuis la dernière réforme des programmes
de la classe de Français. Tel qu'il est présenté ci-dessous, il a
été réalisé en classe de 1ère, ce qui n'exclut nullement de le proposer
en 2de, à l'occasion d'une séquence sur d'autres objets d'étude ("mouvement
littéraire et culturel", "écrire, publier, lire"),
l'avantage étant, à ce niveau, de disposer de plus de souplesse horaire
grâce aux modules.
Objectifs et contenus
On se propose donc de familiariser avec cet univers les
classes impliquées. Le but est de modifier la perception du monde
de la culture qu'ont les élèves en leur donnant l'occasion de travailler
avec des artistes et en leur faisant vivre une expérience de création
artistique complète (mise en situation d'auteur, mise en situation
d'interprète).
Il s'agit d'amener les élèves à écrire un poème " à
la manière " des poèmes du Parti Pris des Choses
de Francis Ponge.
Ce recueil a été retenu car il correspond finalement
à une conception de la poésie particulièrement simple et familière,
et donc propre à mettre en confiance les élèves à qui on demande un
travail d'écriture; les productions des deux années durant lesquelles
le projet a été mené ont montré que ce choix était pertinent.
a) Travailler l'écrit : Chaque élève doit,
dans le cadre d'un atelier d'écriture par quart de classe (soit 8
ou 9 élèves), écrire un poème " à la manière "
des poèmes du Parti -Pris des Choses de Francis Ponge, seul
ou en binôme.
b)
Travailler la mise en voix : Afin de leur faire prendre conscience de la
musicalité de la langue poétique, les élèves sont également invités
dans un premier temps à dire des poèmes de Ponge; ce faisant, ils
sont amenés à retravailler leur propre production dans ce sens. Ensuite,
ils travaillent à la diction de leur propre texte.
c)
Travailler autrement :
-
Travail seul ou par binôme (au
choix), cette dernière solution permettant aux élèves de surmonter
leurs difficultés personnelles, de mettre en valeur les qualités
propres à chacun au service de la production commune, de prendre
du recul par rapport à leur propre production.
- Travail avec des intervenants extérieurs
: un écrivain pour les ateliers d'écriture, un(e) comédien(ne) pour
les ateliers d'expression.
Le projet peut être
mené sans intervenants extérieurs (en cas de problème de financement)
car le professeur de Français a évidemment les compétences nécessaires;
malgré tout cette intervention extérieure est vraiment souhaitable:
pour justifier auprès des collègues un emploi du temps exceptionnel,
pour que les élèves ne réduisent pas l'activité à un exercice scolaire,
parce que les "personnes de l'art" abordent forcément les
choses différemment, ce qui permet de varier le mode
d'apprentissage, et enfin parce que pour la quasi-totalité des élèves,
c'est leur premier contact avec des professionnelS de la culture.
Dans notre cas, en 2004 comme en 2005, le projet a été financé
par la Région Centre, dans le cadre de l'opération "Aux arts,
Lycéens!"
Déroulement
Classes impliquées
dans l'activité :
2003-2004
: 1 classe de 1ère STI (34 élèves)
2004-2005
: 1 classe de 1ère STI (27 élèves dont 10 d'adaptation)
& 1 classe de 1ère S (33 élèves)
Le travail d'écriture intervient à la suite de l'étude en classe du
recueil de Francis Ponge ou d'un groupemement significatif (pour
les STI) ; on part du texte de "La Bougie". Les élèves lisent
l'ensemble du recueil, avant le début du projet pour les S, parallèlement
pour les STI.
La mise en oeuvre du projet a légèrement différé d'une année sur l'autre:
d'abord parce que la deuxième année deux classes, et non plus une,
étaient impliquées; ensuite parce que nous avons souhaité travailler
sur un temps plus resséré après avoir constaté que le 1er projet avait
été trop étalé dans le temps (écriture en février-mars; mise en voix
au mois de mai) au point que les élèves donnaient l'impression de
redécouvrir leur propre texte; nous avons donc essayé pour la deuxième
année de tout concentrer sur le mois de mai, mois prévu pour
les manifestations de type "Aux Arts, Lycéens" .Mais là
encore ce ne fut pas satisfaisant car le projet était trop chronophage
durant cette période où tous les collègues courent après les heures
pour boucler leur programme...
Il paraît donc sage de réaliser le projet en deux tranches assez éloignées
mais pas trop (par exemple première tranche avant les vacances de
printemps, deuxième au mois de mai).
On peut essayer de dégager ce qui serait le planning idéal compte-tenu
de notre expérience de deux années consécutives...
A- 1ère tranche du
projet : Mise en route
1er
jour :
Lancement
de l'activité en classe entière si possible avec les deux intervenants
extérieurs, auteur et comédien(ne) ;
puis
en parallèle et en alternance atelier d'écriture et d'expression
de 2 ou 3 heures par moitié de classe :
a)
distribution aux élèves d'extraits de Méthodes de Ponge en
guise de consigne : page sur le verre d'eau et sur le gallet.
b)
constitution des groupes et choix de l'objet par chacun d'eux; pour
les plus rapides, début de la recherche de l'élément qui va lui être
associé par le biais de l'image.
- atelier d'expression:
travail de la présence dans le corps, de la diction, de l'élocution
sans véritable support textuel, puis travail sur
un texte de théâtre étudié en classe.
2ème
jour - le lendemain (ou le surlendemain) : Nouveaux ateliers en parallèle
- atelier d'écriture
: recherche sur la base du projet arrêté la veille (notamment des
caractéristiques de l'objet et d'une métaphore de base) et éventuellement
début de la rédaction.
- atelier d'expression
dans lequel les élèves travaillent sur un poème de Ponge étudié
en classe ("La bougie").
Dans
la quinzaine qui suit , poursuite de l'activité d'écriture toujours
par moitié de classe, avec l'écrivain.
Dans
un premier temps l'accent a été mis sur un métaphore fondamentale;
on ouvre maintenant de nouvelles perspectives comme cela a été vu
lors de l'étude de poèmes en classe: l'accent est mis alors sur la
nécessité de la composition (la forme étant dictée par l'objet même
selon Ponge -Méthodes ) puis dans une nouvelle séance sur
la nécessité d'une chute.
Les
élèves mettent au propre régulièrement leur texte tout en conservant
les différents brouillons.
B-2ème tranche du projet
concentrée sur une semaine (car beaucoup plus efficace) : les élèves
travaillent à la mise en voix de leur propre texte.
Lundi
: par moitié de classe sur 2 heures réactualisation des acquis du
1er stage et début du travail sur les textes d'élèves.
Mardi
et mercredi matin, jeudi après-midi : les élèves sont convoqués selon
un roulement pour 20 à 30 minutes afin de travailler leur poème; les
élèves prêts à enregistrer enregistrent dans la foulée; les autres
auront une autre séance (on a notamment mis systématiquement une séance
de travail de plus pour les STI).
Matinée
précédant le café-lecture: répétition par moitié de classe-ateliers
de deux heures.
Jeudi
ou vendredi , café-Lecture au CDI du Lycée entre 12 et 13 heures:
annoncé par voie d'affiche, il est ouvert au public; chacune des classes
impliquées dans l'activité vient écouter l'autre, constituant ainsi
un public minimum !
Jeudi
et vendredi après-midi: fin des répétitions et des enregistrements.
C-Diffusion
Avec
le café lecture, elle est un des éléments essentiels du projet car
c'est elle qui donne son sens à l'activité d'écriture et de mise en
voix : les élèves n'écrivent plus pour le seul professeur et cela
change tout...
Les
élèves se sont vu remettre ensuite le livret reprenant tous
les poèmes écrits par la classe, ainsi qu'un cédérom multimédia
qui présente, en plus des textes, les enregistrements et des photos,
ce qui a permis de diffuser le projet dans l' entourage des
élèves; deux exemplaires de chaque livret ont été mis aux CDI lycée
et collège de l'établissement où ils peuvent être empruntés par les
élèves; un exemplaire a été donné à la bibliothèque municipale de
Blois - "Abbé Grégoire".
Pour
la réalisation du livret, il suffit de mettre le texte en forme sous
word (1 fichier par poème, illustration éventuelle comprise ); les
fichiers sont ensuite confiés au CDDP pour la réalisation de
la brochure correspondante grâce à un logiciel spécifique.
Les
fichiers "sons" issus de l'enregistreur numérique sont retravaillés
avec le logiciel gratuit "Audacity". Le cédérom multimédia
a été réalisé la première année avec Mediator mais pour gagner
du temps et donner le cédérom aux élèves avant les vacances, j'ai
tout simplement gravé sur le cédérom un site simple au format .html
(pages internet).
A
noter que les collègues peuvent trouver le soutien technique
que nous avons trouvé auprès du CDDP41 auprès des autres CDDP de l'académie
(prêt de matériel, aide à l'utilisation des logiciels ; aide à la
publication).
Bilan de l'expérience
L'expérience
a été positive les deux années comme en atteste la qualité des productions.
Certes,
il nous est arrivé aux intervenants et à moi-même d'avoir des doutes
à un moment ou à un autre sur la réussite de l'activité, la première
comme la deuxième année. Et d'une année sur l'autre, les problèmes
rencontrés n'étaient pas les mêmes (nous n'aurions pas par exemple
imaginé que l'expérience en 2005 serait plus facile à mener avec la
classe de STI qu'avec les S). Mais rétrospectivement les difficultés
paraissent dérisoires.
Pour
le professeur, la seule chose objectivement lourde est la réalisation
des différents plannings de travail (grilles de passage, circulaire
pour l'administration et les collègues...). mais c'est bien compensé
par le fait que l'expérience artistique elle-même permet un autre
contact avec les élèves.
Pour
les élèves...
-
L'atelier d'expression, par son caractère ludique,
est toujours passé beaucoup mieux que l'atelier d'écriture au
début duquel bien des élèves se trouvent confrontés à leur
propre difficulté à écrire (même pour certains pourtant à l'aise
dans les exercices scolaires). L'expérience a montré qu'il faut
leur apprendre à se donner du temps, et surtout être là pour donner
un coup de pouce au groupe que le découragement guette.
-
Les
élèves de 1ère STI, quoiqu'en difficulté scolaire (près
de la moitié en 2004-2005 étaient en série d'adaptation) se sont
bien investis dans ce projet, ce qui contrastait avec les travaux
scolaires non rendus pendant l'année. Certains sont même venus
en 2005 le lundi de Pentecôte uniquement pour l'atelier d'écriture
avec Maxime N'Débéka ! Ils ont bien tenu leur place au café lecture
alors qu'au début l'idée leur faisait un peu peur: Delphine Lamand
, la comédienne qui intervenait dans le cadre de l'atelier d'expression,
a su les motiver! La conduite de ce projet est sans conteste la
réussite de l'année: à preuve (!), après la clôture du projet
par le café lecture, je n'ai plus revu grand monde en cours.
-
Pour les deux classes, le projet a vraiment permis
aux élèves de se familiariser avec la poétique de Francis Ponge,
ce que les diverses études menées en cours ne permettent pas toujours
aussi efficacement… Nous avons pu le vérifier cette année
encore : pour le professeur de Français qui avait eu bien soin
d'expliquer la métaphore filée en décortiquant "la bougie"
de Ponge, il fut évident très vite que les élèves n'en avaient
pas saisi le fonctionnement ; mais ce qui fut gratifiant, c'est
qu'ensuite, confrontés à la nécessité d'en produire une eux-mêmes,
tous l'ont finalement assimilée.
On peut mesurer ainsi la fonction cognitive de l'écriture
d'invention.
Une expérience
à tenter !
|