3ème

 Favoriser l'échange argumentatif grâce à un ENT

 

Sommaire:

        Le contexte pédagogique
        La mise en oeuvre
        Pourquoi utiliser les TIC?

        Bilan et limites de la démarche

        
Validation du B2i




Le contexte pédagogique

        Il s'agit d'un travail mené durant toute une année avec une classe de troisième, en liaison avec une classe de même niveau d'un autre établissement (Vineuil). Ce travail d'échanges s'est fait autour de la participation au concours des Incorruptibles qui a servi de fil rouge à l'étude de l'argumentation. Pour décerner le prix du meilleur roman selon les élèves, il leur est proposé de lire une sélection de romans contemporains commune au niveau seconde.
La collaboration entre les deux classes n'a pu être réalisée que grâce à un espace d'échanges, de travail. Les élèves des deux classes ont ainsi utilisé l'Espace Numérique de Travail (ENT) de l'établissement, le site du collège.

 

La mise en oeuvre

       En octobre, les deux classes se sont rencontrées pour faire connaissance et pour faire des hypothèses de lecture sur les premières de couverture des romans de la sélection. Ils ont relié les illustrations avec le titre par petits groupes: ils ont ainsi dû justifier leur point de vue pour convaincre leur auditoire. La consigne donnée était de justifier l'association du titre et de l'illustration dans un premier temps grâce à l'étude de l'image et des présupposés qu'elle implique.
Dans un deuxième temps, ils ont dû retrouver le titre du roman une fois les textes amorces des quatrièmes de couverture distribuées. Cette fois encore, lors de la mise en commun, ils ont justifié leur choix en s'appuyant sur leurs analyses. Cette rencontre préalable a donc posé clairement la priorité du projet : favoriser les échanges argumentatifs à l'intérieur de chaque classe, mais surtout entre les deux troisièmes.

Ensuite, au même rythme, les élèves ont lu les cinq romans, un par mois. Lors des premiers rendez-vous lecture, il leur a été demandé à l'aide d'une fiche de donner leur avis sur l'oeuvre lue par petits groupes à l'oral. Cette intervention, non notée, avait pour but de donner envie à leurs camarades de choisir comme lecture suivante le roman qu'ils présentaient.

A chaque rendez-vous mensuel, les élèves rendaient un travail écrit (travaux d'écriture ou compte rendu de lecture) sous forme papier ou numérique. Pour chaque roman, des travaux d'écriture différents étaient proposés : cela permettait de faire le lien avec le programme en réinvestissant les acquis des séquences précédentes ou au contraire en préparant les notions qui suivaient. Par exemple, pour le roman L'Affaire Jennifer Jones, ils pouvaient imaginer la lettre de la mère de l'héroïne qui écrivait pour justifier son attitude et demander pardon ; ou écrire l'article qu'une journalistique avait rédigé sur le personnage principal en cabale. Un autre roman offrait la possibilité de réécrire un passage en changeant de point de vue tout en conservant la narration à la troisième personne. Les élèves ont ainsi exploité la séquence sur la focalisation. Par ailleurs, ils pouvaient trouver en ligne le squelette d'une fiche de lecture demandée pour deux romans.

Puis, chaque groupe a rédigé une critique littéraire en ligne pour que les élèves de l'autre établissement puissent commenter et proposer des arguments s'ils n'étaient pas d'accord grâce au forum public. Pour réaliser cette fiche, chaque groupe a dû mettre en forme par écrit ce qu'ils faisaient régulièrement à l'oral (déterminer le genre du roman, faire un petit résumé, donner leur avis en développant le plus possible, noter le livre).

Mais avant que les textes ne soient publiés, les autres groupes de la classe ont posté des messages sur le forum interne pour permettre une correction.

Des rectifications finales en classe entière sur le vidéoprojecteur relié à un ordinateur en réseau ont permis aux élèves de réagir collectivement et de proposer des corrections.

Les élèves ont ensuite lu les messages de leurs camarades de l'autre établissement et ont pu ainsi réagir. L'apprentissage du discours argumentatif s'enrichissait alors : il fallait réfuter, expliciter, démonter des arguments autres, pour ne pas dire adverses parfois ! Cela obligeait aussi les élèves à reformuler leur propos.

Ce travail permet donc bien d'aider les élèves à maîtriser certaines compétences du Socle Commun,
- tant à l'écrit:

" La capacité à écrire suppose de savoir :
- copier un texte sans faute, écrire lisiblement et correctement un texte spontanément ou sous la dictée ;
- rédiger un texte bref, cohérent, construit en paragraphes, correctement ponctué, en respectant des consignes imposées : récit, description, explication, texte argumentatif, compte rendu, écrits courants (lettres...) ;
- adapter le propos au destinataire et à l'effet recherché ;
- résumer un texte "

 

- qu'à l'oral:
" Il s'agit de savoir :
- prendre la parole en public ;
- prendre part à un dialogue, un débat : prendre en compte les propos d'autrui, faire valoir son propre point de vue ;
- rendre compte d'un travail individuel ou collectif (exposés, expériences, démonstrations...) ;
- reformuler un texte ou des propos lus ou prononcés par un tiers ;
- adapter sa prise de parole (attitude et niveau de langue) à la situation de communication (lieu, destinataire, effet recherché). "

Extrait du décret n° 2006-830 du 11 juillet 2006 relatif au

socle commun de connaissances et de compétences

 

Enfin, une deuxième rencontre au troisième trimestre a permis aux élèves de sélectionner leur roman préféré et de prolonger les échanges écrits par des discussions de vive voix. Deux exercices d'argumentation orale ont été proposés : la moitié des élèves ont traité une question " Jennifer, Antoine et les quatre adolescents de Phaenomen sont-ils des êtres à part? " en groupes puis ont débattu. L'autre moitié a imaginé le procès d'une héroïne qui est condamnée à sept ans de prison dans le roman. Chaque groupe était observateur de l'autre. Un échange a eu lieu ensuite sur la prestation de chacun.



Pourquoi utiliser les TIC?

       Ce travail n'aurait pas pu se faire sans l'utilisation des nouvelles technologies. Les TIC se sont révélées indispensables à plusieurs niveaux:

1) Tout d'abord, les élèves ont rédigé une critique littéraire en ligne. Ce travail peut se faire sur papier mais il ne permet pas alors les échanges au sein de la classe. Même si on ne dispose pas d'un Espace Numérique de Travail comme un site d'établissement, on peut utiliser le réseau en salle informatique et enregistrer les documents sous format texte dans l'espace " groupes ".
Cependant, les élèves n'ont pas la possibilité de poster des messages et cela oblige à faire ce travail de commentaires durant le temps de cours. L'avantage du site est que les élèves sont plus autonomes : ils ont pu travailler de manière asynchrone, à la maison ou dans l'établissement et un rendez-vous mensuel était fixé pour reprendre un nouveau roman et rendre leur production écrite. Durant une heure, ils échangeaient avec leurs camarades, intervenaient sur le site d'établissement pour répondre à leurs camarades. Ces rendez-vous constituaient des pauses dans la séquence mais de nombreux liens étaient faits grâce à la diversité des productions demandées.


2) Ensuite, les modifications apportées aux travaux ont pu être réalisées de façon immédiate, dès l'étude en classe des textes. Cela a été facilité par l'utilisation d'un vidéoprojecteur relié à un ordinateur en ligne.
La correction était collective: ensemble, ils ont vu plus rapidement leurs erreurs de langue, leurs maladresses de style. Ensuite, par exemple, grâce aux acquis de la séquence sur le discours narratif (Nouvelles à chute), les élèves ont dû choisir les événements nécessaires à la compréhension de l'histoire dans le résumé, mais aussi décider où arrêter le texte-amorce pour ménager l'horizon d'attente des lecteurs.


3) Enfin, tout l'échange avec l'autre classe n'aurait pu se faire de manière aussi réactive et dynamique sans les TIC. L'utilisation du courrier sous forme papier aurait ralenti la communication. Cette autre forme de communication a été étudiée d'une autre manière, comme support de travail d'écriture.
Dans ce contexte, les élèves ont pu réagir à plusieurs messages de leurs camarades simultanément en ligne. Au préalable, il a fallu discuter de l'importance du respect dans les échanges. Le travail à deux modérait déjà certaines réactions. Ensuite, la publication des messages n'était effective que lorsque je les validais, après discussion avec les élèves.

 

 

Bilan et limites de la démarche

    Ce travail a permis de travailler durant toute l'année sur un des discours les plus importants du programme de troisième, l'argumentation, et cela de manière approfondie :
en apprenant à différencier les spécificités de l'argumentation orale et écrite et à en maîtriser les codes.
en passant de l'expression d'un point de vue à l'interaction argumentative.
en comprenant qu'un destinataire ne peut être convaincu que si le propos de l'émetteur est clair et structuré.

D'autre part, l'utilisation de l'ENT a créé une dynamique qui ne s'est pas atténuée au fil de l'année: tous les élèves, même les plus en difficulté, ont ainsi lu les cinq romans car ils avaient envie de pouvoir échanger avec d'autres camarades sur la plate-forme de discussions. Les corrections entre pairs et par moi-même, la prise de conscience progressive qu'un certain niveau de langage s'impose, leur ont permis de progresser.

Un autre aspect du programme, la lecture cursive, a donc trouvé une place importante dans la progression annuelle grâce à ce travail. Les élèves, encouragés par ce projet, ont plus facilement abordé d'autres oeuvres étudiées cette fois en classe.

Cet échange a permis d'évoquer une pratique répandue chez les adolescents, celle des forums, et de les faire réfléchir sur l'importance de respecter son interlocuteur et de rédiger un message complet, sans raccourcis syntaxiques hasardeux.
Grâce à ce projet, les élèves ont pu s'entraîner à différentes pratiques d'écriture: de la critique littéraire au message en ligne.

Enfin, l'utilisation de l'ENT a rendu les élèves plus autonomes dans ce travail et a évité au professeur d'y consacrer trop de temps en classe. Cependant, il n'est pas aisé au départ de faire comprendre aux élèves la rigueur qu'implique cette démarche car ils occultent leurs lecteurs potentiels et considèrent encore trop souvent la salle informatique comme un espace récréatif. Il faut donc éduquer les élèves à cet outil.


 

Validation du B2i

En suivant ce scénario, il est possible de valider les items suivants:

S'approprier un environnement informatique de travail
C.1.1 Je sais m'identifier sur un réseau ou un site et mettre fin à cette identification.

Adopter une attitude responsable
C.2.3 Lorsque j'utilise ou transmets des documents, je vérifie que j'en ai le droit.
C.2.7Je mets mes compétences informatiques au service d'une production collective;

Créer, produire, exploiter des données
C.3.1 Je sais modifier la mise en forme des caractères et des paragraphes, paginer automatiquement.

S'informer, se documenter
C.4.2 Je sais utiliser les fonctions principales d'un logiciel de navigation sur le web (paramétrage, gestion des favoris, gestion des affichages et de l'impression).

Communiquer, échanger
C.5.1 Lorsque j'envoie ou je publie des informations, je réfléchis aux lecteurs possibles en fonction de l'outil utilisé.


Christelle DELAS

Collège Blois-Vienne, Blois

Retour au sommaire