3ème

 L'apprentissage de l'oral en DP3

 

Sommaire:

        Le contexte pédagogique
        La mise en oeuvre
        Pourquoi utiliser les TIC?

        Les limites de la démarche
        
Validation du B2i
      




       


 

Le contexte pédagogique

Les élèves de troisième ont la possibilité de choisir une option de découverte professionnelle de trois heures. Les collègues de technologie sont souvent mis à contribution pour prendre en charge cet enseignement. Un autre professeur est alors sollicité : lorsqu'il s'agit du professeur de français, se pose alors la question du rôle de chacun. Comment créer du lien entre ces disciplines et apporter aux élèves un enseignement différent de ce qu'ils peuvent apprendre en classe entière ?
L'an dernier, nous avons donc travaillé autour d'une thématique commune : " Des métiers d'autrefois aux métiers du futur. " Ce fil rouge nous a permis à chaque trimestre d'aborder des éléments transversaux aux deux disciplines, mais surtout d'utiliser l'oral comme mode d'expression et d'évaluation privilégié.



La mise en oeuvre

L'avantage de ce groupe est souvent le nombre limité d'élèves qui le compose. C'était effectivement ici le cas car les élèves de DP 3 étaient 12, ce qui facilite la prise de parole. En effet, les élèves de troisième ont souvent des difficultés à s'exprimer en classe. Ils doivent pourtant se préparer peu à peu aux futurs enjeux du lycée (épreuves orales du baccalauréat). La place du professeur de français peut donc être ici d'apporter son expertise dans ce domaine, d'aider l'élève à savoir mieux s'exprimer dans des conditions matérielles plus confortables (programme moins contraignant, horaires hebdomadaires conséquents).

La progression pédagogique a suivi la division de l'année en trimestre.
A/ Au premier trimestre, le travail a porté sur les métiers d'autrefois. Le professeur de français a travaillé sur les métiers des grands-parents, les métiers disparus. Les élèves ont interrogé leur famille. L'objectif était de travailler sur l'expression de soi comme nous y invitent les programmes de français en troisième. La pratique de l'oral s'est initiée à l'extérieur du cours, sous forme d'entretien avec un aïeul : comment interroger un membre de sa famille ? Quelles questions faut-il lui poser ? Comment faire pour qu'un échange oral soit fructueux ? Ils ont présenté sous forme écrite (panneaux) le fruit de leurs recherches. A partir de ces éléments, ils ont dû donc en faire un portrait. Je ne m'attarderai cependant pas sur cette première partie car je n'étais pas en charge de cette option à ce moment de l'année.

B/ Au deuxième trimestre, l'accent a été mis sur le présent : quels sont les métiers d'aujourd'hui ? Le professeur de technologie a pris en charge les recherches sur les secteurs d'activité, les métiers, en explorant le site www.meformer.org . La consigne était de choisir un métier dans lequel l'élève se projetait ou du moins un métier qui lui plaisait. Ensuite, ils ont élaboré chacun un diaporama, support d'une présentation orale. C'est là que les compétences du professeur de français ont été sollicitées, lors de la création du support écrit :
afin d'aider l'élève à choisir les informations essentielles à transmettre à ses interlocuteurs,
afin de lui permettre de structurer son propos pour mieux préparer l'oral. L'élève avait pour consigne de reprendre les étapes de travail donné par le professeur de technologie.

L'étape suivante était de les aider à préparer leur présentation orale. Tous ont pu proposer leur prestation une première fois, afin d'entendre les conseils des deux professeurs et des élèves. La première fois, ils étaient autorisés à conserver leurs notes sous les yeux. L'objectif était de les rendre progressivement autonomes, capables de s'adresser directement à l'auditoire. Lors de cette préparation, ce sont les élèves qui ont mis en évidence les critères d'évaluation de la présentation du métier.
Les rôles entre les professeurs ont été répartis ainsi :
Le professeur de technologie a vérifié que l'élève n'avait pas omis un champ d'investigation (formation, débouchés, ...). Il a aussi vérifié que l'élève ne transmettait pas d'éléments erronés sur le métier. (/10 points)
En tant que professeur de français, j'ai évalué d'autres éléments, propres à notre discipline. Voici les critères, tels qu'ils ont été reformulés avec les élèves :

Une prise de parole efficace ( /10)
1) Une élocution claire et maîtrisée : mettre le ton afin d'appuyer le propos, parler suffisamment fort pour être audible de son auditoire, ne pas parler trop vite et articuler afin d'être compris.

2) Un corps expressif : savoir faire des gestes pour appuyer son propos, savoir regarder ses interlocuteurs, maîtriser le va-et-vient entre la projection des diapositives et le regard vers l'auditoire.

3) Un propos clair et cohérent : construire des phrases correctes, proscrire les écarts de langage, les mots familiers, éviter les scories langagières de type " euh ", lier les phrases entre elles et mettre en évidence la cohérence du propos (connecteurs logiques...).


Avant de débuter l'entraînement, j'ai proposé différents exercices sur la voix, puisés dans le petit, mais fort riche, ouvrage de Caterine Morrisson, 35 exercices d'initiation au théâtre, volume 2 "La voix, le jeu", collection spectacles, édition Actes sud junior. Je ne retranscris ici que quelques exemples.

Pour amplifier le volume, libérer la voix :
"Sur le son A : commencer très fort, comme on lâche un ballon qui s'envole, et diminuer jusqu'au plus faible. Commencer très faible, comme on chuchote, pour augmenter jusqu'au plus fort."
Pour assouplir la langue, les lèvres et mieux articuler :
"Répéter jusqu'à émission correcte les mots suivants, en exagérant : urne, bure, prune, brune, tune, kurde.(par exemple)"
"Répéter plusieurs fois les phrases suivantes : Ne nie pas que Ninette n'invite ni notre notaire ni nos bonnes nonnes de Notre-Dame. Ton tenace tilleul n'a-t-il pas troué toute ta toiture ?"


C/ Au troisième trimestre, nous nous sommes intéressés aux métiers du futur. Afin d'aider les élèves à mieux imaginer les métiers de demain, nous avons utilisé le concept de simulation globale.


"Une simulation globale est un protocole ou un scénario cadre qui permet à un groupe d'apprenants pouvant aller jusqu'à une classe entière d'une trentaine d'élèves, de créer un univers de référence - un immeuble, un village, une île, un cirque, un hôtel - de l'animer de personnages en interaction et d'y simuler toutes les fonctions du langage que ce cadre, qui est à la fois un lieu-thème et un univers du discours, est susceptible de requérir. […] Décrire le monde, raconter la vie et vivre la comédie des relations humaines, tel est le pari pédagogique des simulations. C'est l'ampleur de cette ambition qui explique le terme de "global"." Francis Debyser, L'immeuble, Hachette FLE/CIEP, 1996, préface

Il s'agit donc de créer un espace virtuel, dans lequel les élèves évoluent en créant des personnages. Ce principe, utilisé initialement pour des élèves non-francophones, peut être adapté à un autre public. Nous leur avons ainsi proposé d'imaginer une ville en 2050. Ils devaient ensuite créer un personnage doté d'une identité, d'une vie familiale et surtout professionnelle. S'est alors posée la question de la possible évolution des secteurs professionnels : dans quels domaines y aura-il le plus de création d'emplois ? Quelles seront les inventions de demain ?
Il a fallu trouver d'abord un nom et une situation géographique à cette ville : les élèves ont mis en évidence le probable réchauffement climatique et la montée en puissance des métiers de l'environnement, ce qui les a poussés à situer cette ville virtuelle, La Cilie, au bord de l'Atlantique.
Le collègue de technologie a repris le travail de la fiche métier, en leur demandant d'adapter un métier actuel aux possibles évolutions de demain. Parallèlement, j'ai travaillé avec eux sur l'écriture d'une carte d'identité puis d'un portrait de ce personnage, en utilisant le traitement de textes. Les élèves ont eu pour consigne de parler à la première personne, de faire vivre le personnage en créant des liens avec d'autres habitants de La Cilie. Ce long travail préparatoire a été fait en vue de mettre sur le site du collège la visite virtuelle de cette petite ville et surtout de demander aux élèves de s'enregistrer avant que leur travail d'écriture soit audible sur le site, sous format mp3.
Les élèves ont ainsi réinvesti les compétences acquises au deuxième trimestre dans la pratique de l'oral afin de produire un discours audible par un plus large public, en différé. Il s'agit d'un podcast. L'enjeu est donc plus important car le texte n'est pas dit devant un groupe, mais il devient audible par un nombre illimité de personnes.

" Rendant compte des possibilités d'utilisation de plus en plus étendues qu'offrent les baladeurs numériques, le néologisme anglo-américain podcast désigne non seulement des émissions et des programmes audio, mais aussi des fichiers et des produits informatiques incluant images et films, susceptibles d'être diffusés (to podcast) au moyen de cette technologie multimédia (podcasting), qui permet une écoute en différé. "


Jo du 15/12/2006
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000275373&dateTexte=

Nous avons utilisé un logiciel gratuit permettant l'enregistrement à volonté des élèves, Audacity. En salle informatique, les élèves ont branché un casque/micro sur l'unité centrale de l'ordinateur.

Le travail s'est déroulé en plusieurs étapes :
L'élève s'enregistre grâce aux boutons situés en haut de l'écran. (icônes connues des élèves pour les fonctions enregistrement, stop, lecture, retour en arrière...voir capture d'écran située plus bas)
Il peut arrêter l'enregistrement à tout moment, faire une pause et revenir sur ce qu'il a dit pour l'écouter et recommencer. Cela lui permet d'entendre toutes les hésitations, les tics de langage.
Ensuite, il va dans " fichier ", " exporter en mp3 " (cela permet de le télécharger plus facilement une fois qu'il est en ligne). Cette opération ouvre automatiquement la fonction " enregistrer sous ". Il ne reste plus qu'à enregistrer le fichier son dans un dossier prévu pour la classe sur le réseau. C'est l'administrateur du site de l'établissement qui ensuite se charge de la mise en ligne. On peut entendre un exemple de lecture ici.(Cliquer droit, "Enregistrer la cible du lien sous")

 


 

Après plusieurs essais, les élèves se sont enregistrés, les uns après les autres, afin d'éviter les bruits parasites. Grâce à l'écoute immédiate de leur prestation, au moyen du casque, ils ont été les meilleurs juges de leur travail.



Pourquoi utiliser les TIC?

Dans ce projet, l'intérêt des TIC est multiple. Il sert à la fois de support de travail et d'outil d'enregistrement :
a) Au deuxième trimestre, les élèves ont utilisé des sites internet afin de s'informer au mieux sur les secteurs d'activité, les métiers. Cette ressource actualisée en permanence leur a fourni des connaissances utiles à la construction de leur projet d'orientation.
De plus, la création d'un diaporama est pertinente comme support de prestation orale, à condition d'en maîtriser les codes et de ne pas chercher à tout dire sur les diapositives.

b) Au troisième trimestre, le recours aux TIC a été systématique :


Tout d'abord, comme support d'écriture du portrait du personnage. Les élèves ont pu revenir sur leur travail, échanger les documents, apprendre à utiliser le correcteur d'orthographe.

Puis comme outil d'enregistrement : le logiciel Audacity est précieux car il facilite l'enregistrement des élèves, sans nécessité d'un matériel audio conséquent et coûteux. De plus, il est facile à utiliser et les élèves peuvent sans difficultés revenir sur ce qu'ils ont dit.

Enfin comme moyen de diffusion du travail fait : le site de l'établissement est une vitrine sur laquelle les élèves ont pu montrer leur travail. La perspective d'être lu et entendu par la plupart de leurs camarades les a poussés à améliorer leur travail. Cela a représenté un point d'aboutissement.


        


Les limites de la démarche

Ce projet a permis de conserver une motivation intacte chez les élèves tout au long de l'année. D'autre part, ils se sont peu à peu sentis plus à l'aise pour prendre la parole et les différents travaux proposés ont amélioré cette compétence. De plus, la collaboration avec un collègue d'une autre discipline a enrichi le suivi et l'évaluation des élèves car chacun a apporté son expertise.
Mais il est certain que le nombre limité d'élèves a facilité la mise en œuvre de ces activités. La possibilité aussi pour les élèves de travailler trois heures par semaine permet un approfondissement nécessaire à l'acquisition des compétences attendues à la fin du socle commun :


Pilier " La maîtrise de la langue ", " Dire "
" Dans des activités de lecture ou d'expression spontanée, s'exprimer devant -un auditoire de façon audible, organisée, adaptée au public, compréhensible par tous. Faire un récit oral "
" Produire une intervention orale construite. "

Pilier " L'autonomie et l'initiative "
" Être capable d'identifier des métiers et leur rôle dans l'organisation observée "
" Pour son projet personnel, connaître le parcours de formation et identifier les possibilités de s'y intégrer. "
" Concevoir un projet individuel ou collectif. "
" Échanger avec le groupe, s'organiser, produire, évaluer le projet. "

 

 

 

 

Validation du B2i

Ce scénario permet également de valider certains items du B2i.

Domaine 1 : S'approprier un environnement informatique de travail
C1.1 Je sais m'identifier sur un réseau ou un site et mettre fin à cette identification.
C1.2 Je sais accéder aux logiciels et aux documents disponibles à partir de mon espace de travail.
C1.3 Je sais organiser mes espaces de stockage.
C.1.4 Je sais lire les propriétés d'un fichier : nom, format, taille, dates de création et de dernière modification.
C.1.6 Je sais faire un autre choix que celui proposé par défaut (lieu d'enregistrement, format, imprimante...)

Domaine 2 : Adopter une attitude responsable
C.2.3 Lorsque j'utilise ou transmets des documents, je vérifie que j'en ai le droit.
C.2.6 Je sécurise mes données (gestion des mots de passe, fermeture de session, sauvegarde).
C.2.7 Je mets mes compétences informatiques au service d'une production collective.

Domaine 3 : Créer, produire, traiter, exploiter des données
C.3.1 Je sais modifier la mise en forme des caractères et des paragraphes, paginer automatiquement .
C.3.3 Je sais regrouper dans un même document plusieurs éléments (texte, image, tableau, son, graphique, vidéo...).
C.3.7 Je sais traiter un fichier image ou son à l'aide d'un logiciel dédié notamment pour modifier ses propriétés élémentaires.

Domaine 4 : S'informer, se documenter
C.4.2 Je sais utiliser les fonctions principales d'un logiciel de navigation sur le web (paramétrage, gestion des favoris, gestion des affichages et de l'impression).
C.4.3 Je sais utiliser les fonctions principales d'un outil de recherche sur le web (moteur de recherche, annuaire...).
C.4.4 Je sais relever des éléments me permettant de connaître l'origine de l'information (auteur, date, source...).
C.4.5 Je sais sélectionner des résultats lors d'une recherche (et donner des arguments permettant de justifier mon choix).

Domaine 5 : Communiquer, échanger
C.5.1 Lorsque j'envoie ou publie des informations, je réfléchis aux lecteurs possibles, en fonction de l'outil utilisé.





Christelle DELAS

Collège Blois-Vienne, Blois

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