rallye
quatrième
|
1° partie | 2° partie |
L’historien
romain conclut sa biographie de Jules César en accordant au récit de son assassinat
toute la place qu’il mérite, et notamment en énumérant les nombreux prodiges
annonçant sa mort.
Sed Caesari futura caedes evidentibus prodigiis denuntiata
est. Paucos ante menses, cum in colonia Capua deducti lege
Julia* coloni ad extruendas villas vetustissima sepulcra disjicerent idque
eo studiosius facerent quod aliquantum vasculorum operis antiqui scrutantes
reperiebant, tabula aenea in monumento, in quo dicebatur Capys conditor Capuae
sepultus, inventa est, conscripta litteris verbisque Graecis hac sententia :
« quandoque ossa Capyis detecta essent, fore* ut
Iulo* prognatus manu consanguineorum necaretur magnisque
mox Italiae cladibus vindicaretur ». Cujus rei, ne quis fabulosam aut
commenticiam putet, auctor est Cornelius Balbus, familiarissimus Caesaris.
Proximis diebus equorum greges, quos in trajiciendo Rubiconi Flumini consecrarat*
ac vagos et sine custode dimiserat, comperit pertinacissime pabulo abstinere
ubertimque flere. Et immolantem haruspex Spurinna monuit « caveret periculum,
quod non ultra Martias Idus* proferretur ». Pridie
autem easdem Idus avem regaliolum cum laureo ramulo Pompeianae
curiae* se inferentem volucres varii generis ex proximo nemore persecutae
ibidem discerpserunt. Ea vero nocte, cui inluxit dies caedis, et ipse sibi
visus est per quietem interdum supra nubes volitare, alias cum Jove dextram
jungere ; et Calpurnia* uxor imaginata est conlabi
fastigium domus maritumque in gremio suo confodi. Ac subito cubiculi fores
sponte patuerunt. Ob haec simul et ob infirmam valetudinem diu cunctatus an
se contineret et quae apud senatum proposuerat agere differet, tandem Decimo
Bruto adhortante, ne frequentes ac jamdudum opperientes destitueret, quinta
fere hora* progressus est libellumque insidiarum indicem ab obvio quodam
porrectum libellis ceteris, quos sinistra manu tenebat, quasi mox lecturus
commiscuit. Dein pluribus hostiis caesis, cum litare non posset, introiit
curiam spreta religione Spurinnamque irridens et ut falsum arguens, quod sine
ulla sua noxa Idus Martiae adessent, quamquam is « venisse quidem eas »
diceret, « sed non praeterisse ».
Divus Julius,
chapitre LXXXI
- la « lex
Julia » est la loi agraire votée au cours de son consulat, en 59
avant J-C ; elle permet alors aux vétérans de Pompée de recevoir des
terres en Campanie.
- « fore » équivaut à « futurum esse »,
c’est l’infinitif futur du verbe être : (il disait) « qu’il
se produirait que », « qu’il
arriverait que »…
- « Iulus » est bien sûr le fils d’Enée et de son épouse
troyenne Créüse, souvent appelé aussi Ascagne. Selon Tite-Live, sa mère serait
plutôt la princesse italique Lavinia.
- « consecrarat » équivaut à « consecraverat ».
- « Martias Idus », « les Ides de Mars ». Idus, uum,
f. pl. et Martius, a, um.
- la « Pompeiana curia », est une salle située dans une dépendance
du théâtre de Pompée, au champ de Mars. C’est là que César sera assassiné.
- « Calpurnia » est sa troisième épouse, fille de L. Calpurnius
Piso.
- « quinta hora », équivaut en cette saison à environ 11
heures du matin.
haut du texte
Mais le meurtre à venir fut annoncé à César par des prodiges manifestes. Quelques mois plus tôt, alors que dans la colonie de Capoue des colons, envoyés là en vertu de la loi Julia, dispersaient pour édifier des maisons de campagne des tombes très anciennes, et qu’ils effectuaient ce travail avec d’autant plus d’ardeur qu’ils trouvaient en fouillant une quantité notable de petits vases de facture archaïque, une tablette de bronze fut découverte dans un sépulcre où l’on disait qu’était enterré Capys, le fondateur de Capoue, l’avis suivant y étant gravé en lettres et en langue grecques : « du moment que les ossements de Capys avaient été déterrés, il arriverait qu’un descendant d’Iule serait tué de la main d’assassins de son sang, et qu’il serait bientôt vengé par les grands désastres que connaîtrait l’Italie ». Et pour que nul ne la considère comme imaginaire et mensongère, celui qui se porte garant de cette information est Cornelius Balbus, un ami très intime de César. Les tout derniers jours, César apprit que des bandes de chevaux, qu’il avait consacrés au Fleuve Rubicon en le traversant et qu’il avait renvoyés libres d’errer et sans gardien, se détournaient de leur pâture avec la plus grande obstination et pleuraient en abondance. Et tandis que César offrait un sacrifice, l’haruspice Spurinna l’avertit « de prendre garde à un danger, qui ne serait pas remis au-delà des Ides de Mars ». Par ailleurs, la veille de ces mêmes Ides de Mars, c’est le présage d’un roitelet qui se dirigeait vers la curie de Pompée avec un petit rameau de laurier, que des oiseaux d’espèces différentes mirent en pièces dans cette même salle, après l’avoir poursuivi depuis le bosquet tout proche. Quant à la nuit après laquelle se leva le jour du meurtre, d’une part César se vit lui-même au cours de son sommeil tantôt voler par-delà les nuées, tantôt encore dans la compagnie de Jupiter, lui serrer la main droite ; d’autre part, sa femme Calpurnia rêva que le toit de leur maison s’effondrait et que son mari était percé de coups entre ses bras. Puis brusquement, les battants de la porte de leur chambre à coucher s’ouvrirent d’eux-mêmes. Ayant longuement hésité, à cause de ces phénomènes et aussi de son mauvais état de santé, pour savoir s’il ne s’abstiendrait pas de sortir et s’il ne remettrait pas à plus tard les affaires qu’il avait proposé de traiter devant le sénat, Decimus Brutus l’exhortant finalement à ne pas décevoir les participants venus nombreux et l’attendant depuis longtemps déjà, il se mit en route vers la cinquième heure et mélangea à d’autres billets qu’il tenait dans la main gauche le billet remis par un passant révélant l’embuscade qui lui était tendue, comme s’il allait le lire plus tard. Puis, plusieurs victimes ayant été sacrifiées sans qu’il pût obtenir de présages favorables, il pénétra dans la curie, au mépris de tout scrupule religieux et en se moquant de Spurinna, l’accusant même comme un imposteur, du fait que les Ides de Mars étaient arrivées sans lui causer aucun mal, bien que celui-ci rétorquât que « certes, elles étaient arrivées, mais n’étaient point encore passées ».
Vocabulaire du texte de Suétone
Abstineo, es, ere + abl : s'abstenir de adhortor, aris, ari : exhorter, encourager aeneus, a, um : d'airain, de bronze ago, is, ere, egi, actum : conduire, traiter alias, adverbe : parfois, tantôt aliquantum + génitif : une quantité notable de an + interrogative indirecte : si auctor, oris, m : instigateur, garant avis, is, f : oiseau, présage offert par un oiseau Caedes, is, f : massacre, meurtre caedo, is, ere, cecidi, caesum : sacrifier caveo, es, ere, cavi, cautum : prendre garde à clades, is, f : désastre, dégâts commenticius, a, um : faux, mensonger commisceo, es, ere, miscui : mélanger comperio, is, ire, comperi : apprendre conditor, oris, m : fondateur confodio, is, ire, fodi, fossum : égorger conlabor, eris, labi : s'écrouler, s'effondrer consanguineus, a, um : uni par le sang, parent consecro, are : consacrer, vouer à une divinité contineo, es, ere, (se) : (se) tenir chez soi cubiculum, i, n : chambre à coucher cunctor, aris, ari, cunctatus sum : hésiter custos, odis, m : garde, gardien Deduco, is, ere, duxi, ductum : conduire denuntio, as, are, avi, atum : annoncer detego, is, ere, detexi, detectum : déterrer destituo, is, ere : décevoir, abandonner dexter, dextra, um : (la main) droite differo, fers, ferre, tuli : remettre à plus tard dimitto, is, ere, misi, missum : renvoyer discerpo, is, ere, discerpsi : mettre en pièces disjicio, is, ere, jeci, jectum : disperser, briser Eo + adverbe au comparatif " eo studiosius " avec d'autant plus de soin, d'ardeur evidens, entis : evident, manifeste extruo, is, ere, : construire, édifier Fabulosus, a, um : imaginaire, mensonger fastigium, ii, n : toit, faîte fleo, es, ere : pleurer, verser des larmes fores, ium, f pl : porte à deux battants frequens, entis : nombreux Gremium, ii, n : giron, sein, bras Hostia, ae, f : victime (de sacrifice) Ibidem, adverbe : là même imaginor, aris, ari : s'imaginer, rêver immolo, as, are : sacrifier index, icis : qui révèle infero, fers, ferre (se) : (se) diriger dans inlucesco, is, ere, inluxi : se mettre à briller insidiae, arum, f pl : embuscade |
interdum : parfois, tantôt +er de |
Questions sur le texte de Suétone
I. Le goût des astres, ou petites devinettes
entre initiés (7 points)
Signes, songes, présages et prédictions, les anciens Romains étaient aussi fascinés que nous par toutes les manifestations de l'invisible et du divin. Dites quel écrivain correspond à la définition suivante, sachant qu'ils sont placés par ordre chronologique et que leur nom doit être donné en français.
1. Célèbre avocat sous la République, à
qui nous devons nombre de discours et toute une correspondance, il est aussi
l'auteur d'un traité sur La Divination :
Il s'agit de C........................................
2. Il évoque les signes terrifiants présageant la mort
de César au début de ses Géorgiques et annonce le retour
de l'Age d'Or dans sa quatrième Bucolique :
Il s'agit de V..........................................
3. Auteur d'une passionnante Histoire Romaine en 142 livres, il accorde
une attention extrême aux avertissements du Destin et aux prodiges accompagnant
la marche de l'Histoire :
Il s'agit de T..................
L.......................
4. Réputé surtout comme philosophe, appelé aux
côtés de Néron pour être son précepteur, il
écrit des tragédies retraçant les destins implacables de
Médée, Phèdre ou dipe :
Il s'agit de S...........................................
5. Dans une brillante épopée, il met en scène le
grand Pompée, averti par des songes, ainsi que son fils Sextus, qui va
consulter la sorcière Erichto. Bientôt ils vont perdre la bataille
de Pharsale :
Il s'agit de L.............................................
6. Dans sa sixième Satire, il se moque aussi des astrologues
et autres faiseurs d'horoscopes :
Il s'agit de J.............................................
7. Dans son roman plein de rebondissements, le héros trop curieux
commet l'erreur d'espionner une magicienne, et se voit transformé en
âne :
Il s'agit d' A..............................................
/ sur 7 points
II. Maîtrisez-vous la langue des signes ? (16 points)
A. Telle ligne, tel signe :
Retrouvez dans le texte de Suétone les neuf mots latins qui vous permettront de remplir la grille suivante et de deviner le mot-mystère, en latin lui aussi, qui porte le n° 10
1. vertical : son vol fait signe - à l'accusatif singulier. 2. vertical : du mauvais côté, elle porte malheur - au nominatif. 3. vertical : veut dire, au présent, " il voue à la divinité ". 4. vertical : c'est la fonction qu'occupe Spurinna - au nominatif singulier. 5. vertical : l'indispensable victime du sacrifice - au nominatif singulier. 6. horizontal : au présent, " il avertit ", " il prédit ". 7. vertical : s'imaginer, rêver - déponent à l'infinitif présent. 8. horizontal : obtenir des présages favorables - à l'infinitif présent. 9. vertical : miracle, prodige - à l'ablatif pluriel. 10. mot-mystère : horizontal, déponent de la première conjugaison à l'infinitif présent. Forgé sur un mot qui veut dire " devin " ou " poète ", il signifie " prédire l'avenir " et a donné un verbe français de même sens qui lui ressemble comme un frère jumeau. |
|
|
|
2
|
|
3
|
|
|
9
|
|
|||||
|
|
|
7
|
|
|
|||||||||
|
|
8
|
|
|
|
|
|
|
||||||
|
|
|
|
|
|
|
||||||||
1
|
|
|
4
|
|
|
|
||||||||
|
|
|
|
|
|
|||||||||
10
|
|
A
|
|
|
|
|
N
|
|
|
|
|
|||
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
||||
|
|
|
|
|
|
|||||||||
|
|
|
5
|
|
|
|
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||||
6
|
|
|
|
|
|
|
||||||||
|
|
|
|
|
||||||||||
|
|
|||||||||||||
|
||||||||||||||
|
B. Vérités et Mensonges :
ou quand la Pythie balbutie et la Sibylle écume ! Testez vos connaissances
techniques en corrigeant ces affirmations erronées : selon l'exemple
proposé à la première ligne du tableau, donnez la bonne
réponse dans la 3ème colonne sur les pointillés. Bonne
chance !
Ex : le prêtre qui interprète le vol des oiseaux | s'appelle un aviateur | Non, c'est un augure |
Le nom latin du bâton de l'augure, | c'est le " litus " | Non, c'est le |
Les présages, et notamment les vols d'oiseaux, | sont les pronostics | Non, ce sont les .. |
La cérémonie expiatoire se dit en latin | la "procrastinatio " | Non, c'est la |
Un mot prononcé et qui fait office de présage, | c'est le " numen " | Non, c'est l' . |
César fut divinisé au cours d'une cérémonie | appelée l'overdose | Non, c'est l' . |
Ils contiennent des prophéties, | ce sont les livres chevalins | Mais, non : ! |
/ sur 6 points
III. Chronique d'une mort annoncée (20
points)
A. Un prodigieux suspense :
Chaque prodige ou avertissement évoqué par Suétone est
souligné par une conjonction de coordination, un adverbe ou un
groupe nominal C. C. de temps. Remplissez le tableau suivant, en respectant
l'ordre du texte latin et en caractérisant en quelques mots le
prodige ou l'avertissement.
Connecteur ou G.N. C. C. de temps
|
Nature du prodige ou de l'avertissement
...
|
1. | |
2. | |
3. | |
4. | |
5. | |
6. | |
7. | |
8. |
Quel procédé rhétorique permet à Suétone
de créer cette tension dans la progression du texte ?
C'est une g
d
/ sur 9 points
Ex :" cujus rei " | Relatif de liaison |
" ad extruendas villas " | |
" conscripta hac sententia " | |
" lecturus " | |
" venisse quidem eas " |
/ sur 4 points
IV. Les dessous de l'histoire (7 points)
A. Un arrière-plan historique de premier plan :
/ sur 4 points
B. Le regard perspicace de l'historien sur son personnage :
Quel trait du caractère de César Suétone met-il finalement
en relief dans la dernière phrase ?
.
Indice du texte latin | Traduction française de ce passage |
/ sur 3 points