Retour au sommaire
rallye cinquième
rallye quatrième
rallye troisième

Rallye Latin - Seconde
Questions - Epreuves 2003

 1° partie   2° partie 


Texte n°1, extrait de Suétone : Vies des Douze Césars 

   L’historien romain conclut sa biographie de Jules César en accordant au récit de son assassinat toute la place qu’il mérite, et notamment en énumérant les nombreux prodiges annonçant sa mort.

  Sed Caesari futura caedes evidentibus prodigiis denuntiata est. Paucos ante menses, cum in colonia Capua deducti lege Julia* coloni ad extruendas villas vetustissima sepulcra disjicerent idque eo studiosius facerent quod aliquantum vasculorum operis antiqui scrutantes reperiebant, tabula aenea in monumento, in quo dicebatur Capys conditor Capuae sepultus, inventa est, conscripta litteris verbisque Graecis hac sententia : « quandoque ossa Capyis detecta essent, fore* ut Iulo* prognatus manu consanguineorum necaretur magnisque mox Italiae cladibus vindicaretur ». Cujus rei, ne quis fabulosam aut commenticiam putet, auctor est Cornelius Balbus, familiarissimus Caesaris. Proximis diebus equorum greges, quos in trajiciendo Rubiconi Flumini consecrarat* ac vagos et sine custode dimiserat, comperit pertinacissime pabulo abstinere ubertimque flere. Et immolantem haruspex Spurinna monuit « caveret periculum, quod non ultra Martias Idus* proferretur ». Pridie autem easdem Idus avem regaliolum cum laureo ramulo Pompeianae curiae* se inferentem volucres varii generis ex proximo nemore persecutae ibidem discerpserunt. Ea vero nocte, cui inluxit dies caedis, et ipse sibi visus est per quietem interdum supra nubes volitare, alias cum Jove dextram jungere ; et Calpurnia* uxor imaginata est conlabi fastigium domus maritumque in gremio suo confodi. Ac subito cubiculi fores sponte patuerunt. Ob haec simul et ob infirmam valetudinem diu cunctatus an se contineret et quae apud senatum proposuerat agere differet, tandem Decimo Bruto adhortante, ne frequentes ac jamdudum opperientes destitueret, quinta fere hora* progressus est libellumque insidiarum indicem ab obvio quodam porrectum libellis ceteris, quos sinistra manu tenebat, quasi mox lecturus commiscuit. Dein pluribus hostiis caesis, cum litare non posset, introiit curiam spreta religione Spurinnamque irridens et ut falsum arguens, quod sine ulla sua noxa Idus Martiae adessent, quamquam is « venisse quidem eas » diceret, « sed non praeterisse ».

Divus Julius, chapitre LXXXI

Notes :

- la « lex Julia » est la loi agraire votée au cours de son consulat, en 59 avant J-C ; elle permet alors aux vétérans de Pompée de recevoir des terres en Campanie.
- « fore » équivaut à « futurum esse », c’est l’infinitif futur du verbe être : (il disait)  « qu’il se  produirait que », « qu’il arriverait que »…
- « Iulus » est bien sûr le fils d’Enée et de son épouse troyenne Créüse, souvent appelé aussi Ascagne. Selon Tite-Live, sa mère serait plutôt la princesse italique Lavinia. 
- « consecrarat » équivaut à « consecraverat ».
- « Martias Idus », « les Ides de Mars ». Idus, uum, f. pl. et Martius, a, um.
- la « Pompeiana curia », est une salle située dans une dépendance du théâtre de Pompée, au champ de Mars. C’est là que César sera assassiné.
- « Calpurnia » est sa troisième épouse, fille de L. Calpurnius Piso.
- « quinta hora », équivaut en cette saison à environ 11 heures du matin.
haut du texte

Traduction du texte de Suétone

   Mais le meurtre à venir fut annoncé à César par des prodiges manifestes. Quelques mois plus tôt, alors que dans la colonie de Capoue des colons, envoyés là en vertu de la loi Julia, dispersaient pour édifier des maisons de campagne des tombes très anciennes, et qu’ils effectuaient ce travail avec d’autant plus d’ardeur qu’ils trouvaient en fouillant une quantité notable de petits vases de facture archaïque, une tablette de bronze fut découverte dans un sépulcre où l’on disait qu’était enterré Capys, le fondateur de Capoue, l’avis suivant y étant gravé en lettres et en langue grecques : « du moment que les ossements de Capys avaient été déterrés, il arriverait qu’un descendant d’Iule serait tué de la main d’assassins de son sang, et qu’il serait bientôt vengé par les grands désastres que connaîtrait l’Italie ». Et pour que nul ne la considère comme imaginaire et mensongère, celui qui se porte garant de cette information est Cornelius Balbus, un ami très intime de César. Les tout derniers jours, César apprit que des bandes de chevaux, qu’il avait consacrés au Fleuve Rubicon en le traversant et qu’il avait renvoyés libres d’errer et sans gardien, se détournaient de leur pâture avec la plus grande obstination et pleuraient en abondance. Et tandis que César offrait un sacrifice, l’haruspice Spurinna l’avertit « de prendre garde à un danger, qui ne serait pas remis au-delà des Ides de Mars ». Par ailleurs, la veille de ces mêmes Ides de Mars, c’est le présage d’un roitelet qui se dirigeait vers la curie de Pompée avec un petit rameau de laurier, que des oiseaux d’espèces différentes mirent en pièces dans cette même salle, après l’avoir poursuivi depuis le bosquet tout proche. Quant à la nuit après laquelle se leva le jour du meurtre, d’une part César se vit lui-même au cours de son sommeil tantôt voler par-delà les nuées, tantôt encore dans la compagnie de Jupiter, lui serrer la main droite ; d’autre part, sa femme Calpurnia rêva que le toit de leur maison s’effondrait et que son mari était percé de coups entre ses bras. Puis brusquement, les battants de la porte de leur chambre à coucher s’ouvrirent d’eux-mêmes. Ayant longuement hésité, à cause de ces phénomènes et aussi de son mauvais état de santé, pour savoir s’il ne s’abstiendrait pas de sortir et s’il ne remettrait pas à plus tard les affaires qu’il avait proposé de traiter devant le sénat, Decimus Brutus l’exhortant finalement à ne pas décevoir les participants venus nombreux et l’attendant depuis longtemps déjà, il se mit en route vers la cinquième heure et mélangea à d’autres billets qu’il tenait dans la main gauche le billet remis par un passant révélant l’embuscade qui lui était tendue, comme s’il allait le lire plus tard. Puis, plusieurs victimes ayant été sacrifiées sans qu’il pût obtenir de présages favorables, il pénétra dans la curie, au mépris de tout scrupule religieux et en se moquant de Spurinna, l’accusant même comme un imposteur, du fait que les Ides de Mars étaient arrivées sans lui causer aucun mal, bien que celui-ci rétorquât que « certes, elles étaient arrivées, mais n’étaient point encore passées ».

(Traduction élaborée par l’Association  Rallye Latin d’Orléans-Tours pour le concours 2003)

Vocabulaire du texte de Suétone

Abstineo, es, ere + abl : s'abstenir de
adhortor, aris, ari : exhorter, encourager
aeneus, a, um : d'airain, de bronze
ago, is, ere, egi, actum : conduire, traiter
alias, adverbe : parfois, tantôt
aliquantum + génitif : une quantité notable de
an + interrogative indirecte : si
auctor, oris, m : instigateur, garant
avis, is, f : oiseau, présage offert par un oiseau
Caedes, is, f : massacre, meurtre
caedo, is, ere, cecidi, caesum : sacrifier
caveo, es, ere, cavi, cautum : prendre garde à
clades, is, f : désastre, dégâts
commenticius, a, um : faux, mensonger
commisceo, es, ere, miscui : mélanger
comperio, is, ire, comperi : apprendre
conditor, oris, m : fondateur
confodio, is, ire, fodi, fossum : égorger
conlabor, eris, labi : s'écrouler, s'effondrer
consanguineus, a, um : uni par le sang, parent
consecro, are : consacrer, vouer à une divinité
contineo, es, ere, (se) : (se) tenir chez soi
cubiculum, i, n : chambre à coucher
cunctor, aris, ari, cunctatus sum : hésiter
custos, odis, m : garde, gardien
Deduco, is, ere, duxi, ductum : conduire
denuntio, as, are, avi, atum : annoncer
detego, is, ere, detexi, detectum : déterrer
destituo, is, ere : décevoir, abandonner
dexter, dextra, um : (la main) droite
differo, fers, ferre, tuli : remettre à plus tard
dimitto, is, ere, misi, missum : renvoyer
discerpo, is, ere, discerpsi : mettre en pièces
disjicio, is, ere, jeci, jectum : disperser, briser
Eo + adverbe au comparatif " eo studiosius " avec d'autant plus de soin, d'ardeur
evidens, entis : evident, manifeste
extruo, is, ere, … : construire, édifier
Fabulosus, a, um : imaginaire, mensonger
fastigium, ii, n : toit, faîte
fleo, es, ere : pleurer, verser des larmes
fores, ium, f pl : porte à deux battants
frequens, entis : nombreux
Gremium, ii, n : giron, sein, bras
Hostia, ae, f : victime (de sacrifice)
Ibidem, adverbe : là même
imaginor, aris, ari : s'imaginer, rêver
immolo, as, are : sacrifier
index, icis : qui révèle
infero, fers, ferre (se) : (se) diriger dans
inlucesco, is, ere, inluxi : se mettre à briller
insidiae, arum, f pl : embuscade

interdum : parfois, tantôt
invenio, is, ire, … : trouver, découvrir
irrideo, es, ere, risi, risum : se moqu

+er de
Jamdudum : depuis longtemps déjà
jungo, is, ere : joindre, serrer (la main)
Laureus, a, um : de laurier
lego, is, ere, legi, lectum : lire
libellus, i, m : billet, message
lito, as, are : obtenir des présages favorables
Moneo, es, ere, monui : avertir, prédire
Neco, as, are, avi, atum : tuer, faire périr
nemus, oris, n : bosquet, bois sacré
noxa, ae, f : dommage, préjudice
nubes, is, f : nuage, nuée
Obvius, ii, m : passant
opperior, iris, iri : attendre
opus, eris, n : travail, confection, facture
Pabulum , i, n : pâturage, fourrage, nourriture
pateo, es, ere, patui : s'ouvrir
periculum, i, n : danger, péril
pertinaciter : obstinément
persequor, eris, sequi, secutus sum : poursuivre
porrigo, is, ere, rexi, rectum : tendre, remettre
pridie + acc : la veille de
profero, fers, ferre, tuli : reculer, remettre à
progredior, eris, gredi, gressus sum : aller
prognatus, a, um + abl : né de, descendant de
Quandoque : du moment que
quies, quietis, f : repos, sommeil
Ramulus, i, m : rameau, branche
regaliolus, i, m : roitelet (oiseau)
reperio, is, ire, reperi : découvrir, trouver
Scrutor, aris, ari, atus sum : fouiller
sententia, ae, f : phrase, avis, maxime
sepelio, is, ire, sepelivi, sepultum : enterrer
simul : en même temps, à la fois
sinister, tra, trum : (qui est) à gauche
sperno, is, ere, sprevi, spretum : mépriser
sponte, adverbe : de son propre mouvement
supra + acc : au-dessus de, au-delà de
Trajicio, is, ere, jeci, jectum : traverser
Ubertim, adverbe : abondamment
ultra + acc : au-delà de
Vagus, a, um : nomade, libre d'errer
valetudo, inis, f : état de santé
vasculum, i, n : petit vase
vero, conjonction : or, quant à
vindico, as, are, avi, atum : venger, punir
volucris, is, f : oiseau, volatile
volito, as, are, … : voler

Questions sur le texte de Suétone

I. Le goût des astres, ou petites devinettes entre initiés (7 points)

Signes, songes, présages et prédictions, les anciens Romains étaient aussi fascinés que nous par toutes les manifestations de l'invisible et du divin. Dites quel écrivain correspond à la définition suivante, sachant qu'ils sont placés par ordre chronologique et que leur nom doit être donné en français.

1. Célèbre avocat sous la République, à qui nous devons nombre de discours et toute une correspondance, il est aussi l'auteur d'un traité sur La Divination :
       Il s'agit de C........................................

2. Il évoque les signes terrifiants présageant la mort de César au début de ses Géorgiques et annonce le retour de l'Age d'Or dans sa quatrième Bucolique :
       Il s'agit de V..........................................

3. Auteur d'une passionnante Histoire Romaine en 142 livres, il accorde une attention extrême aux avertissements du Destin et aux prodiges accompagnant la marche de l'Histoire :
       Il s'agit de T.................. L.......................

4. Réputé surtout comme philosophe, appelé aux côtés de Néron pour être son précepteur, il écrit des tragédies retraçant les destins implacables de Médée, Phèdre ou Œdipe :
       Il s'agit de S...........................................

5. Dans une brillante épopée, il met en scène le grand Pompée, averti par des songes, ainsi que son fils Sextus, qui va consulter la sorcière Erichto. Bientôt ils vont perdre la bataille de Pharsale :
       Il s'agit de L.............................................

6. Dans sa sixième Satire, il se moque aussi des astrologues et autres faiseurs d'horoscopes :
       Il s'agit de J.............................................

7. Dans son roman plein de rebondissements, le héros trop curieux commet l'erreur d'espionner une magicienne, et se voit transformé en âne :
       Il s'agit d' A..............................................
/ sur 7 points

II. Maîtrisez-vous la langue des signes ? (16 points)

A. Telle ligne, tel signe :

Retrouvez dans le texte de Suétone les neuf mots latins qui vous permettront de remplir la grille suivante et de deviner le mot-mystère, en latin lui aussi, qui porte le n° 10 …

  1. vertical : son vol fait signe - à l'accusatif singulier.
2. vertical : du mauvais côté, elle porte malheur - au nominatif.
3. vertical : veut dire, au présent, " il voue à la divinité ".
4. vertical : c'est la fonction qu'occupe Spurinna - au nominatif singulier.
5. vertical : l'indispensable victime du sacrifice - au nominatif singulier.
6. horizontal : au présent, " il avertit ", " il prédit ".
7. vertical : s'imaginer, rêver - déponent à l'infinitif présent.
8. horizontal : obtenir des présages favorables - à l'infinitif présent.
9. vertical : miracle, prodige - à l'ablatif pluriel.
10. mot-mystère : horizontal, déponent de la première conjugaison à l'infinitif présent. Forgé sur un mot qui veut dire " devin " ou " poète ", il signifie " prédire l'avenir " et a donné un verbe français de même sens qui lui ressemble comme un frère jumeau.

2
3
9
7
8
1
4
10
A
N
5
6

B. Vérités et Mensonges :
… ou quand la Pythie balbutie et la Sibylle écume ! Testez vos connaissances techniques en corrigeant ces affirmations erronées : selon l'exemple proposé à la première ligne du tableau, donnez la bonne réponse dans la 3ème colonne sur les pointillés. Bonne chance !

Ex : le prêtre qui interprète le vol des oiseaux s'appelle un aviateur Non, c'est un augure
Le nom latin du bâton de l'augure, c'est le " litus " Non, c'est le …………………
Les présages, et notamment les vols d'oiseaux, sont les pronostics Non, ce sont les ……………..
La cérémonie expiatoire se dit en latin la "procrastinatio " Non, c'est la …………………
Un mot prononcé et qui fait office de présage, c'est le " numen " Non, c'est l'………………….
César fut divinisé au cours d'une cérémonie appelée l'overdose Non, c'est l'………………….
Ils contiennent des prophéties, ce sont les livres chevalins Mais, non : ……………… …!


/ sur 6 points


III. Chronique d'une mort annoncée (20 points)

A. Un prodigieux suspense :
Chaque prodige ou avertissement évoqué par Suétone est souligné par une conjonction de coordination, un adverbe ou un groupe nominal C. C. de temps. Remplissez le tableau suivant, en respectant l'ordre du texte latin et en caractérisant en quelques mots le prodige ou l'avertissement.

Connecteur ou G.N. C. C. de temps
Nature du prodige ou de l'avertissement …………...
1.  
2.  
3.  
4.  
5.  
6.  
7.  
8.  


Quel procédé rhétorique permet à Suétone de créer cette tension dans la progression du texte ?
C'est une g…………… d……………………
/ sur 9 points

B. Sages présages et mauvais signes, une histoire à faire se dresser les cheveux sur la tête :
Peut-être à cause de sa calvitie naissante, César n'a pas su lire les avertissements du Destin. A vous de compléter les explications (les deux termes soulignés attendus sont des figures de rhétorique). C. Des outils d'avenir pour deviner son destin :
Repérez les tournures grammaticales en complétant le tableau ci-après.

Ex :" cujus rei " Relatif de liaison
" ad extruendas villas "  
" conscripta hac sententia "  
" lecturus "  
" venisse quidem eas "  

/ sur 4 points

IV. Les dessous de l'histoire (7 points)

A. Un arrière-plan historique de premier plan :

/ sur 4 points

B. Le regard perspicace de l'historien sur son personnage :
Quel trait du caractère de César Suétone met-il finalement en relief dans la dernière phrase ?
…………………………………………………………….

Indice du texte latin Traduction française de ce passage
   
   


/ sur 3 points