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Rosa
Bonheur.
Rosa
Bonheur a été probablement la plus célèbre des nombreuses femmes qui, au XIX°
siècle se consacraient à la peinture animalière. D'origine modeste, et alors
que les écoles d'art étaient fermées aux filles, elle a réussit très tôt à
force de talent et de travail à s'imposer : à 19 ans elle a été reçue au Salon.
Elle peignait comme elle vivait, puissamment. Elle a été aussi la première
femme à recevoir la Légion d'Honneur, qui lui a été remise en 1865 par l'impératrice
Eugénie : " Vous voilà chevalier. Je suis heureuse d'être la marraine de la
première femme artiste qui reçoive cette haute distinction. " Transcendant
les interdits liés à la morale de son époque, elle a développé dans son art
une approche académique alors même que les femmes n'étaient pas admises au
Conservatoire. " Mademoiselle Bonheur, nous saluons en vous un lauréat de
première classe " a déclaré le directeur du Conservatoire. Cela lui a permis
plus d'indépendance d'esprit, ainsi Rosa Bonheur a poursuivi une carrière
artistique glorieuse, suscitant l'intérêt de la critique et cumulant prix
et honneurs. Sa tenue et ses façons ont fait l'objet de tous les commentaires
: elle allait résolument à l'encontre des normes et portait les cheveux courts,
s'habillait de vêtements masculins - c'est à dire de pantalons, qu'elle ne
pouvait mettre sans un permis de police renouvelable tous les six mois (à
daté de 1852) - fumait et montait à cheval à califourchon et non pas en amazone.
" Des images me frappèrent : une photographie d'elle fumant une cigarette
à son bureau, le fac-similé d'une permission de travestissement, deux reproductions
de tableaux, Buffalo Bill sur son cheval et un marché aux chevaux. " a raconté
une de ses amies. En effet, le fait de se comporter et de s'habiller véritablement
comme un homme, lui a ouvert des horizons plus vastes. Par exemple, pour perfectionner
ses connaissances anatomiques, Rosa Bonheur n'a pas eu peur de visiter des
abattoirs, de disséquer des carcasses qu'elle achetait chez son boucher et
assistait aux foires aux bestiaux - ce qui justifiait le port du pantalon
! Elle affirmait : " Quel ennuie d'être limité dans ses gestes quand on est
une fille ! " De plus, sa sexualité allait dans le sens de sa masculinisation
puisqu'elle ne s'est pas marié et qu'elle a partagé sa vie avec deux femmes
peintres, Nathalie Micas puis après le décès de celle-ci en 1889, Anna Klumpke,
une américaine dont elle fera sa légataire universelle. Même si elle a transgressé
la morale sociale de l'époque, cela n'a pas empêché Rosa Bonheur d'être célèbre
dans toute la France, en Grande-Bretagne et en Amérique où on l'appelait "
le plus grand peintre animalier du monde. " Photos.
Portraits
de Rosa Bonheur
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Permission
de travestissement accordée à Rosa Bonheur
Paris,
le 12 Mai 185- Nous. Préfet de Police. [...] Autorisons la demoiselle Rosa
Bonheur demeurant à Paris, rue ... n° 320 à s'habiller en homme ; pour raison
de santé sans qu'elle puisse, sous ce travestissement, paraître aux Spectacles.
Bals et autres lieux de réunion ouverts au public. la présente autorisation
n'est valable que six mois, à compter de ce jour.
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